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Agnes van den Bossche, porte-étendard des femmes peintres au 15e siècle

Publié le 8 mars 2013

Agnes van den Bossche étendard

Agnès van den Bossche,
La Pucelle de Gand : étendard militaire de la ville de Gand,
huile et argent sur toile de lin, broderies et franges de soie, vers 1482,
Gand, STAM (musée municipal, anciennement abbaye de la Byloke).

Journée de la femme oblige, voici d'un trait de plume quelques mots sur la seule femme peintre du 15e siècle flamand dont on conserve le style : Agnès van den Bossche.

Celle-ci apparaît dans les archives de la ville de Gand vers 1481-82. À partir des tissus et garnitures achetées par la municipalité, elle devait réaliser deux étendards. Le sujet, la Pucelle de Gand face au Lion, reprend les armes de la ville. Issu d'un poème du siècle précédent, il fait allusion à la résistance de la ville assiégée. La lettre gothique brodée (g) est l'initiale de la cité.

La version la plus courante des armoiries se limite cependant au fond noir et au lion blanc debout : soit en termes d'héraldique « de sable au lion rampant d'argent ». Le corps du lion était rehaussé de feuilles d'argent, oxydées avec le temps. La composition joue sur les effets de contraste entre une Vierge mince et altière et un lion chimérique qui s'étale dans l'espace en un effet de volutes assez graphique.

Aujourd'hui, c'est le seul étendard flamand subsistant, et l'une des très rares peintures sur toile du 15e siècle. Il faut pourtant s'imaginer qu'il s'est peint beaucoup plus de ces bannières que de panneaux de retables. Simplement, leur usage a causé leur perte.

Agnès van den Bossche (Agnès Dubois) était membre de la guilde des peintres de Gand depuis 1469. Elle appartenait à une famille de peintres : le peintre Lievin van den Bossche se porte garant pour son entrée dans la guilde, avec Joos van Wassenhove (plus connu en France sous le nom de Juste de Gand). À dire vrai, les seules femmes peintres dont on ait la trace étaient femmes ou filles de peintres (Marguerite van Eyck par exemple). C'est la même chose en Italie du reste. En France, la gaillarde Jeanne de Monbaston enluminait, mais dans l'ombre de son mari, au 14e siècle.

Il est déjà remarquable qu'en Flandres, elles aient pu exercer et accéder au rang de maître au sein de la corporation. Mettre en avant les droits des femmes est une longue tradition dans les pays du Nord de l'Europe !

Pour citer ce billet Stéphanie Deprouw-Augustin, « Agnes van den Bossche, porte-étendard des femmes peintres au 15e siècle », Blog Apprendre à voir, 8 mars 2013, https://deprouw.fr/blog/agnes-van-den-bossche-porte-etendard-des-femmes-peintres-au-15e-siecle/.

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